Tsara be, expression végétale

Par LVS2LVS2

Vannerie | 24 septembre 2015

Comme un vent de liberté a soufflé cet été. Suite à l'invitation à la Fête du timbre locale, j'ai recherché une pose basée sur le thème de cette année, à savoir la danse contemporaine.

Danse attitude

Ainsi l'objectif était donné ; restait à le réaliser – sculpture par la vannerie. Une composition végétale à inventer certes, la recherche d'une pose esthétique, expressive, dynamique, aérienne.

L'estive à Sengouagnet s'est révélée une nouvelle fois importante. J'y ai approché d'autres matériaux, des techniques, des idées, une ouverture d'esprit, bref, un art de vivre...

Mais revenons à notre sujet. Une figure élancée, en mouvement ; une position issue de la danse moderne, bousculant un certain nombre de codes classiques. Elle dégage également un sentiment de liberté, un élan, une amplitude. Une belle attitude !

Première silhouette de fibres

Il m'était essentiel de partir sur une vannerie libre, de type « nid d'oiseau » avec très peu de tressage classique.

Quelques brins de troène sauvage forment l'allure globale, le squelette. Ce passage à la troisième dimension engendre immédiatement plusieurs questions, primordiales pour la suite, d'ordre anatomique, puis technique. La création du volume s'est faite à l'aide de jeunes pousses de hêtre principalement. Normal me direz-vous puisque le sujet se veut représenter un « être » humain ! Le calcul des proportions, membres, thorax et bien entendu la tête. A l'image du dessin, la question de la physionomie, l'expression du visage – point crucial à mi-chemin entre figuratif et expressif.

Après un premier essai un peu hasardeux, je suis parti, plus sérieusement, de la forme de l'œuf montée avec de fins arceaux de troène, et un lien de ronce pour le tissage de la boite craniène.

Génial le liber !

Une sacrée découverte : une fibre ligneuse, agréable au toucher et à l'oeil. Il s'agit du liber de tilleul (Cf. Vannerie sauvage, vol. II, page 80+, 273+).
Ces très minces bandelettes sont magnifiques et idéales pour confectionner un semblant de jupe et la coiffure aux longs cheveux blonds. Merci Bernard.

Bonjour Tsara be!

Pour terminer, un subtil mélange de troène écorcé, d'écorces de frêne et d'ormeau cueillis au cours d'une balade champêtre. C'est d'ailleurs au cours de cette escapade, que j'ai trouvé à même le sol, un fer, non pas à cheval, mais vraisemblablement à baudet ou mule. Chance ! J'avais l'idée du support. Je l'ai réalisé par la suite en bois de noyer (merci Mané) et de fruitier (merci François).

Il ne manquait qu'un gentil nom pour cette nouvelle hôte – ma première figurine végétale. C'est par une double coïncidence plutôt fortuite que j'ai surnommé cette danseuse en herbe Tsara be ! Mot aussi retenu de notre séjour à Madagascar...