Chronique d'un châtaignier singulier @LVS2

Chronique d'un châtaignier singulier 

Billet | 27 mai 2018
Chronique d'un châtaignier singulier

Un certain 9 mars 2017, par un matin particulièrement tempétueux, notre châtaignier s’en allé par terre. Un arbre mûr, il est vrai, au bas étage pourtant encore garni et généreux. Des branches de tête tombaient régulièrement les jours de mauvais temps ; quelques mois auparavant, l’écureuil roux tressé trouva la sienne qui lui convenait à merveille ! Véritable symbole transgénérationnel, nous ne tenions pas à ce qu'il disparaisse complètement. Comment valoriser les vestiges d'un tel patrimoine, telle était la question ?

Ses racines superficielles maintenant à l'air libre, laissaient apparaitre ses faiblesses d'ancrage dans le substrat. Les premiers temps, de belles « langues de bœuf » y trouvèrent refuge. La végétation commença à prendre le dessus. Géranium  vivace, ronces, aubépine, troène sauvage, etc.

Une fois le tronc débité quelque temps après, et expédié, la souche restante du châtaignier figurait une pièce unique, une allure singulière et artistique.

Qu'à cela ne tienne

Nous allions l'y aider, l'entourer de pelletés de bonne terre, l'accompagner. À ces mots, quelques heures plus tard, sans un bruit, un silence se fit. La souche de châtaignier réagit, tentant de s'exprimer. Nous avions fait un pas. Elle entama le sien. Si bien qu'en quelques secondes seulement elle bascula, une ultime prouesse pour recouvrer elle-même sa place. Sous nos regards étonnés et émerveillés, le Châtaignier avait décidé. Son choix était respectable ! Réconfortés nous étions. Bien agréable d'observer quelque temps encore ses courbes de croissance, révélant une à une la sucession des saisons, des années, des décennies, d'avaries et d'intempéries...

Séquence comptage des nervures

Sa croissance fut influencée par, d'une part, les vents dominants venant d'ouest mais aussi des cicatrices significatives durant son jeune âge. La cartographie de sa coupe basale offre un authentique carnet de sa santé. Il est aisé d'observer d'où viennent les intempéries, les vents, les contraintes qu'il a dû contourner pour s'adapter et croître.  Ainsi voit-on clairement les racines maitresses lui servant de contre-fort. Règle en main, nous nous lançons dans le comptage des nervures en remontant son histoire.

À ses débuts, la progression fut lente, le temps de poser son système racinaire et de faire sa place. À partir de 10 ans, le discernement hiver/été devient plus facile. Autour de 20 ans, la première grosse cicatrice couvre les 3/4 de la circonférence – deux crevasses profondes (orientées Ouest et Est), sombres où un semblant d'écorce apparaît. Vers 30 ans, une secondre cicatrice moins marquée côté Est. Puis s'en suit une croissance plutôt régulière, dépassant allègrement les 100 ans. Un bien bel arbre ! À partir de sa 130 ème année, l'espace entre les nervures devient un peu plus aléatoire sur l'ensemble du pourtour, montrant des variations sensibles, affichant irrémédiablement une baisse d'énergie. La dernière nervure distinguable en lisière d'écorce d'une épaisseur avoisinant les 30 mm, enregistre le vénérable âge de 160 années.

Cet âge plus qu'honorable nous ramènerait aux alentours de 1858, date qui pourrait correspondre à la construction des maisons de potiers les plus proches d'après les informations recueillies. 

La souche chue © LVS2
La ceinture de protection végétale © LVS2
Langue de boeuf sur les racines © LVS2
Séquence toilettage et nettoyage © LVS2
Aperçu des courbes de croissance © LVS2
pour 160 vénérables années... belle performance © LVS2
 

 

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