Vannier - mémoire d'aïeuls
Né un certain 4 avril 1908, il aurait eu cent ans aujourd'hui. C'est l'occasion unique et inédite pour que je dédie une place de choix à mon aïeul féru de vannerie.
Dans les années 70, après une dure vie de tâcheron –environ 57 années– et quelques graves ennuis de santé, le moment de la retraite fut le bienvenu.
à la veillée - hiver 1977
Mon aïeul n'a pas eu le temps durant toutes ces années de dur labeur de s'adonner à la vannerie (ni vraiment à d'autres loisirs d'ailleurs). Il avait vu faire ses proches dans son jeune temps. A l'époque, chaque objet de vannerie avait son importance et sa place au quotidien, pour entreposer des fruits, du grain, voire de l'eau (et oui!). Ses souvenirs étaient encore très présents et son envie grandissante.
la vannerie utile allait devenir une vannerie plaisir.
Son âme d'artisan allia petit à petit praticité, originalité, pédagogie...
Le soir venu, au coin du feu –de la cuisinière à bois à défaut de cheminée– il faisait bon passer la veillée à "palissouner" comme il disait. Les ronces attendaient bien patiemment au frais sur le seuil de la porte. J'avais une quinzaine d'années, j'ai appris à ses côtés.
Il inventa des objets que nous qualifierions aujourd'hui de déco. Il en créa des pratiques aussi mais relatifs aux besoins contemporains ou sur demande comme des porte-bouteilles, des mesures à châtaignes, des petites chaises pour enfants, une véritable table ronde, des coupes à fruits sur pied, des corbeilles imitant de la "broderie ajourée", des porte-revues, des plateaux à fromages, des coffrets à couture ou bonbonnières, etc.. L'envie de faire découvrir ce passe-temps bien naturel s'organisa notamment avec l'ACDAG en stages à la semaine. Des personnes de tous âges, toutes origines se manifestèrent et furent enthousiasmées. La joie et la bonne humeur contribuaient à de vrais moments de partage inter-générations. Tout un chacun repartait bien entendu avec ses productions et des souvenirs inédits.
des fagots de ronce
Dès novembre venu, aux premières gelées, il s'équipait d'une vieille veste plutôt résistante, des gants de cuir et de son couteau. Nous partions dès huit heures, à la recherche de ronciers. Une fois repérés, il en extrayait de beaux spécimens, des "flèches" de 4 à 5 mètres de long. (Parfois, nous en profitions pour ramasser quelques champignons, des rosés). Arrivés à la maison, le fagot de ronces était entreposé sous un tapis d'orties juste coupées pour les conserver au frais.
l'emblématique bougne
La bourgne est l'objet emblématique de la vannerie de paleine et de ronces.
Elle était très utilisée jusqu'au début du XXe pour conserver du grain ou des fruits par exemple. On raconte même que l'on pouvait transporter de l'eau dedans car à son contact la paleine se gonflait et rendait le récipient étanche.
Cette bourgne bien ventrue a un diamètre de 60 cm pour une hauteur de 80 environ, autant dire que sa réalisation ne fut pas aisée, notamment pour le dos. Plus de 3 semaines furent nécessaires pour en venir à bout.
Des vanniers en fête
des vanniers en fête - été 1981
Lors de la traditionnelle Fête des Battages de Ménigoute (1er dimanche d'août), des vanniers du canton se réunissaient joyeusement pour partager leur passion avec petits et grands.
Comme en témoigne cette photo, prise en août 1981, Raymond et Camille, avec leur tablier d'apparat, sont venus accompagner le stand de broderie et de tissage de la laine. C'était toujours un moment de pur plaisir, où l'on riait beaucoup.
Quelques années plus tard, ils ont été emporté qui par la cécité, qui par une maladie viscérale. Ils s'en sont allés chacun de leur côté, tisser d'autres liens, vers d'autres cieux, sur le chemin des aïeux. 
Merci pour ce beau temoignage touchant...
joyeux anniversaire pépé raymond signé: chipette...
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