Bonne Année 2011 !
La calligraphie japonaise est chargée d'histoire et de sens. Les applications « occidentales » sont innombrables. Une déclinaison pour notre carte de vœux se révèle être un exercice intéressant. En toute modestie, je vous l'accorde. Je suis bien conscient qu'il faudrait des années pour maîtriser les gestes et la méthode. Mais la méditation, l'intuition, la beauté de la simplicité que favorise le Zen japonais m'entrainent à cheminer en ce sens..
La calligraphie japonaise et l'enchainement
L'enchainement est l'élément le plus important de la calligraphie. Pas de trait distinct mais un tout vivant.
L'enchainement ? (ki), c'est le souffle, l'énergie, l'âme, l'esprit mais aussi l'humeur..
Ne jamais arrêter un caractère en cours de route pour le reprendre. Le corps entier doit participer au tracé des caractères, accompagné mentalement jusqu'à son achèvement. Sans réfléchir. Aucun trait n'est simple. Chacun porte un sens.
de l'idée à sa réalisation
: Recherche et imagination m'ont mené à une adaptation de 2 caractères japonais hiragana[1] ?(yo) ? (ri) et le symbole de la vacuité et de l'achèvement dans le bouddhisme zen appelé enso[2](cercle en japonais) pour former le « 2011 ».
- ? (yo) auquel j'ai fait glisser le petit trait du haut pour suggérer un 2, élancé, en mouvement,
- (o) la définition de l'enso me convient bien telle qu'elle est,
- ? (ri) c'est un caractère très intéressant à dessiner ; il nécessite la maîtrise de la pression sur la papier ainsi que celle du glissé. Après tout cela peut ressembler assez bien à un 11.
Pour poursuivre la démarche, j'ai essayé d'imiter la technique japonaise. Pinceau à la verticale, le poignet droit posé sur le dessus de la main gauche pour faciliter le tracé..
Au terme d'une soixantaine d'essais environ, quelques
tracé et enchainement.. heures d'exercices et pas mal de feuilles de papier, je suis parvenu à tracer, sans recharger le pinceau, sans reprendre un caractère, le fameux « 2011 »! Vous allez peut-être rire voire sourire, mais c'est un exercice qui demande énergie et concentration.
En effet, une fois le tracé commencé, il ne faut plus réfléchir mais réaliser ce que l'on fait. Aller au bout de sa pensée. On s'aperçoit immédiatement des erreurs commises. Mais, trop tard, il faut aller au bout et puis.. recommencer à côté.
Les caractères doivent se faire dans un ordre précis, avec une énergie mesurée tout en variations. Des pauses sont nécessaires à certains endroits précis, comme pour le souffle. Donner un sens. Ainsi ai-je vaqué sur le chemin de l'enchainement.
esthétique simple et dépouillée
Le chemin du zen mène en quelque sorte à l'éveil de l'esprit, face à un questionnement. Et plutôt que de chercher à résoudre un quelconque problème, il suggère de le "dissoudre", de passer par une étape dite de vacuité, d'élimination de tout élément parasite à la réflexion, pour espérer trouver un éveil. Une lumière intérieure. La réponse qui est nôtre. L'achèvement alors est peut-être la vraie nature de notre propre conscience..
Pour revenir à notre sujet, je recherchais une mise en scène simple, sur le principe des anciens rouleaux japonais (kakemono). J'aurais pu utilisé des pigments de cinabre pour restituer la couleur rouge vermillon mais j'ai préféré essayer le cramoisi d'alizarine[3]. la transparence de la garance correspondant à ce que j'imaginais.
Afin d'accompagner le « 2011 », j'avais en tête un morceau de terre, de montagne précisément, accroché aux nuages. Quelque part le Japon, tel qu'il est. Le Japon nature, tout simplement..
Voilà la petite histoire de cette modeste carte qui, à l'image de la philisophie japonaise, s'est essayée à « laisser parler la nature » ..
Bonne et Heureuse Année 2011, sereine et pleine d'énergie !
[2] le Zen japonais : calligraphie de l'enso
[3] cramoisi d'Alizaine : cramoisi d'alizarine
- un paysage accroché aux nuages, mais que sont les nuages devenus ? (16 mars 2011)
- Autour de Kyoto, quelque part sur la montagne Hiei (6 fév 2011)
- clin d'oeil à la vannerie japonaise (18 déc 2010)
- Crayonnage en chemin.. nippon (dec 2010)