Oués-sant mes chèvres ! 

Ciel de traîne en ce début d'après-midi sur Ouessant. Après avoir longé Porz Doun, nous croisons maintenant le phare de la Jument et remontons tranquillement vers Roc'h Hir. La lande sauvage est sur le point d'éclore de toutes parts : armérie marine, silène maritime, ajoncs nains, jonquilles sauvages... L'hiver ici aussi a été long.

A la croisée de chemins côtiers, soudain s'avance doucement une « mobylette » puis s'arrête à nos côtés. C'est un habitant quelque peu inquiet de n'avoir pu retrouver ses chèvres depuis plusieurs jours. Alors que la période de vaine pâture est terminée, elles ont dû être dérangées et se sont enfuies de leur enclos. Une discussion s'installe naturellement, spontanément. Nous avions presqu'oublié qu'il pouvait encore y avoir en 2010 des échanges aussi simples et authentiques entre des personnes qui ne se connaissent pas. Quel monde nous vivons !

Forts de cette rencontre imprévue, voire imprévisible, nous nous séparons avec quelque part, l'envie de faire une B. A. et de retrouver ses chèvres...

Le soir venu, une pluie fine –typique– s'installe. Tout aussi fortuitement que dans l'après-midi nous rencontrons notre homme au village qui, fort content de l'heureuse nouvelle, part immédiatement à leur rencontre.

Pour contraster avec la vie rude qui sévit sur l'île une bonne partie de l'année et perpétuer une tradition, il est une de ses spécialités assez originale : le ragout des mottes. Il prélève à la saison sèche nombre de mottes de tourbes. Et le jour J –tout évènement jugé assez exceptionnel– il s'en sert pour cuire à l'étouffée une marmitée pendant plusieurs heures pour le plus grand plaisir de ses convives.

Merci de votre sympathique accueil et votre sens de la communication avec les gens de passage que nous sommes.
Ouessant est vraiment très attachante.

Porz Doun – des écharpes d'écume sans cesse viennent laver les éperons rocheux.

Armérie marine – herbes et plantes rases au sommet de la falaise où sillonne le sentier côtier

les chèvres en vaine pâture – dès que l'on a goûté à la liberté.. on y revient, n'est-ce pas ?

les mottes de tourbe séchée – il ne faut pas oublier qu'il n'y a pas beaucoup d'arbres sur l'île et que ces mottes une fois séchée contiennent bien le feu.

un avant-goût du ragout – bon appétit !